Le blog de l'ACDS

Selon la Revue Air & Cosmos (N°2050 daté du 27 octobre 2006), la mission européenne ExoMars  (650 M€) initialement prévue pour 2009 puis pour 2011, vient à nouveau de subir un décalage dans son calendrier.

En effet, chose incroyable à 5 ans de l’échéance prévue, le scénario de vol définitif n’est toujours pas figé et les ingénieurs planchent encore pour savoir lequel choisir !

Deux scénarios sont étudiés : une mission légère lancée par un Soyouz-2, et une version lourde lancée par Ariane-5.
La différence majeure entre les deux versions réside dans notre indépendance face aux Etats-Unis. En effet, pour 200 M€ de plus que le budget prévu initialement (version lourde), l’Europe et surtout le rover ExoMars,  se passerait des moyens de communications en orbite autour de Mars et mis en place par la NASA. En d’autres termes, soit les données renvoyées par ExoMars transiteront par un orbiteur du type Mars Odyssey ou Mars Reconnaissance Orbiter, soit il faudra que l’ESA fabrique un compagnon à l’engin évoluant au sol, lancé en même temps ou séparément…
On s’étonnera juste que personne n’ait pensé à ce « petit détail » lors des phases initiales de financement !

Par ailleurs, l’ingénierie spatiale européenne semble se heurter à des problèmes techniques difficiles à surmonter à faibles coûts, dont notamment la miniaturisation nécessaire de la charge utile, limitée à 24 kg. Or nombre de laboratoires scientifiques européens se chamaillent pour monter à bord, tous avec d’excellentes raisons, mais surtout avec une conséquence fâcheuse : l’alourdissement de l’ensemble. On arrive à une surcharge de 4,5 kg par exemple pour le package scientifique Pasteur (8 kg initialement devenus 12,5 kg aujourd’hui).

Enfin, tout étant lié par ailleurs, on ne sait toujours pas non plus quelle type d’atterrissage sera retenu : airbags (comme les américains) ou boudins d’air (comme les parachutages militaires lourds). On sait juste que l’ensemble en orbite pèsera 1 006 kg et qu’il sera doté d’un bouclier thermique, de parachutes et de retro-fusées.

Bref, il reste du chemin à faire pour mettre au point et valider l’ensemble des ces technologies. En tout état de cause, l’ESA devra trancher en mai 2007, faute de quoi à force de reculer les échéances, la Chine pourrait déposer un engin mobile sur Mars avant nous !

© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Image : ESA.