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La planète Mars se ronge...

La sonde MGS aura révélé le vrai visage de la planète rouge et de ses paysages fabuleux. Elle aura également permis de mieux se rendre compte de la dynamique morphologique de surface se produisant actuellement un peu partout sur la planète rouge. Il y a 15 ans seulement, nombre de planétologues, géologues ou géophysiciens affirmaient encore qu’aux conditions de températures et de pressions actuelles, était morte et que les processus physiques, mécaniques, chimiques de l’érosion en surface étaient soit extrêmement lents, soit nuls. On le sait maintenant – grâce à la sonde MGS - : il n’en est rien ; et en voici une nouvelle illustration qui démontre que la Nature est d’une créativité sans limite…

Ces deux clichés MOC datent du 20 août 1999 et du 19 avril 2005. Près de six années terrestres les séparent, soit un peu plus de 4 années martiennes (une année martienne étant égale à 687 jours terrestres).

Ils nous montrent une zone de l’hémisphère Sud de , dans la calotte polaire australe, composée d’une fine couche de glace carbonique recouvrant une épaisse couche de glace d’eau, le tout étant stratifié. Cette région déjà présentée dans la chronique à plusieurs reprises n’est aucunement comparable à ce que l’on peut observer sur Terre. La morpho-dynamique de la glace de CO2 et du substrat de glace d’H2O qu’elle recouvre n’est en effet absolument pas envisageable dans nos conditions terrestres actuelles. On peut, tout au plus outre l’observation réalisée en orbite autour de  , tenter de faire des simulations et/ou des expérimentations en laboratoire, relativement complexes et fort coûteuses d’ailleurs. Malheureusement, Polar Lander échoua le 3 décembre 1999 dans sa tentative d’atterrissage, au pôle Sud de … Depuis que l’on observe avec autant d’attention et surtout avec une résolution aussi fine que ne le permet la sonde MGS et sa caméra MOC, on sait qu’au fil des années martiennes, les mesas, buttes et autres reliefs de cette région, recouverts de glace carbonique, ont régressé de manière non négligeable. On sait maintenant que ces formes et formations géologiques sont rongées par un mécanisme saisonnier mieux compris dont les effets « vus d’en haut » sont comparables à l’érosion de certaines de nos côtes littorales qui reculent sous les assauts et coups de boutoir des océans. Là s’arrête la comparaison, car les processus en présence n’ont bien entendu rien de comparables…

Les deux clichés présentés cette semaine ont été obtenu durant le début du printemps australe et sont éclairés par une lumière solaire provenant du haut gauche du cliché. Entre les deux clichés, la différence est frappante et les flèches n°1 et n°2 sont des exemples particulièrement éloquents quant à l’ampleur réelle du phénomène et aux conséquences sur l’aspect de la surface. Le recul des versants semble se produire à une vitesse d’environ 3 mètres par année martienne, ce qui est relativement important. Si le phénomène est continu (ce qui n’est pas sur du tout), il semble donc qu’il ne soit pas en marche depuis très longtemps, au moins dans certaines régions, avec des départs estimés à 100 ou 200 années au plus. De même, à ce rythme, il ne faudra pas beaucoup plus de temps pour que l’essentiel du paysage observé aujourd’hui soit totalement rongé, dans la région concernée. Nous assistons donc peut-être à un changement morphoclimatique, qui est peut-être lié à un cycle martien comme il en existe sur Terre, cycle qui n’est de toutes façons pas seulement un changement saisonnier. La flèche n°1 nous montre qu’en l’espace de 4 années martiennes, un lambeau de plateau tabulaire s’est transformé en butte témoin résiduelle sous les assauts d’une érosion régressive particulièrement efficace. La flèche n°2 nous montre comment les versants d’un haut plateau reculent également et de manière parallèle et continue sous l’effet de cette érosion qui se traduit également par l’apparition de petites dépressions thermokarstiques tout au long de la corniche, dans la partie haute du versant et dans la couche de glace de CO2. Qu’il serait fascinant d’obtenir des clichés de cette zone par la sonde MRO ainsi que des clichés d’un robot mobile …

© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.

© Images : Malin Space Science Systems.

Ecrit par dawido le Mercredi 16 Août 2006, 23:09 dans "Image martienne de la semaine - Les plus belles images de la Planète Mars" Version imprimable

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