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Danse Phobos. Danse !

Ah, les danses de Phobos et de Deimos dans la froide nuit martienne… Quelle émotion ! En attendant de vivre ce grand spectacle de “visu “ pour ne pas dire ”in-vivo”, c’est par les yeux électroniques de notre rover préféré, Spirit, que l’Humanité peut pleinement l’apprécier. Car Spirit fait de l’astronomie sur et permet ainsi de démontrer que la poussière martienne n’obscurcit finalement pas en permanence les cieux de notre voisine rouge et que par conséquent, la voûte céleste y est accessible à qui sait regarder. Et, peut-être un peu plus que sur Terre (mais probablement moins que vers Saturne, qui reste une référence en la matière), le spectacle des lunes dansantes dans le ciel est … grandiose !

Grandiose notamment car possède deux lunes, Phobos et Deimos, présentées plusieurs fois dans cette chronique. Deux lunes que nous avions déjà également présentées vues depuis la Terre… Mais voilà que Spirit – ou plutôt les ingénieurs et les planétologues de la NASA, se prennent au jeu, fin août et début septembre de l’année dernière et décident de faire quelques observations à distance… Utilisant alors le surplus d’énergie solaire acquis durant les journées ensoleillées, Spirit s’est fait quelques “Star Parties” en solo et surprend notamment les deux petites lunes martiennes dans la Constellation du Sagittaire. Sur l’animation, les deux satellites se déplacent de manière bien visible : Phobos est l’objet brillant à droite, Deimos plus discret, plus petit et plus lointain se trouve à gauche.

Les images retraitées et/ou inversées sont tout aussi éloquentes… et trahissent mieux le grand halo de lumière entourant Phobos. Au sol 590 apparaissent même les Pléïades (connues aussi comme les 7 sœurs). Aux sols 585, 590 et 594, les conditions d’observations rendent les vues exceptionnelles et Spirit surprend avec sa caméra panoramique, Phobos et Deimos en pleine course avec Aldébaran… Les temps de poses varient entre 150 et 170 secondes. Au sol 590, les deux lunes se déplacent du haut vers le bas de l’image. Ces clichés et bien d’autres (dont notamment ceux des éclipses - partielles ! - de Soleil) servent aux ingénieurs à réaliser des cartes plus précises de leurs positions orbitales, qui elles-mêmes permettront non seulement les guidages de futures sondes orbitales, mais aussi ceux de landers et de rovers…

Il est également possible que les planétologues en apprennent un peu plus sur la composition chimique et minérale de Phobos et Deimos au fil du temps et de l’imagerie réalisée... Enfin, de telles observations depuis le sol permettent aussi l’étude des nuages d’altitude nocturnes qui évoluent dans le cil de et que l’on ne connaît pas très bien… Les ingénieurs ne manquent pas d’idées. A partir des meilleurs clichés de Phobos obtenus par Spirit depuis la surface (perché sur « Husband Hill »), ils ont réalisé des traitements d’images poussés. Le 1er cliché de gauche est un cliché brut.

Le second cliché est le résultat d’un traitement mathématique (traitement laplacien) permettant de renforcer les contrastes et les détails de surface qui réapparaissent à chaque image prise individuellement et de diminuer les informations qui n’apparaissent que de temps à autres. Sur ce cliché, on aperçoit très bien le célèbre cratère d’impact Stickney, sur le limbe de Phobos en haut à droite. Spirit a acquis ces deux images dans la nuit du sol 585 (le 26 août 2005) à l’aide de sa caméra panoramique. Pour comparaison, le 4ème cliché provient de la caméra HRSC de Express. Le 3ème cliché est simplement une dégradation du cliché HRSC. Et, pour satisfaire les poètes et les rêveurs, depuis le sol de Phobos bien visible à l’œil nu ne fait qu’un tiers de la taille de notre pleine Lune « moyenne ». De forme nettement ovoïde, Phobos se déplace rapidement dans la voûte céleste martienne (en fait si rapidement par rapport à la période de rotation de qu’il se lève à l’Ouest et se couche à l’Est). Ceci n’est d’ailleurs pas valable pour Deimos, qui non seulement est plus compacte mais aussi plus petit, plus distant et possède une période de révolution autour de supérieure à la période de rotation de la planète. Vu depuis la surface de , Deimos comme la plupart des satellites du Système Solaire, se lève à l’Ouest et se couche à l’Est.

© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.

© Images : NASA/JPL/Cornell/Ames/Texas A&M/ESA.

Ecrit par dawido le Lundi 31 Juillet 2006, 23:51 dans "Image martienne de la semaine - Les plus belles images de la Planète Mars" Version imprimable

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