Dans le volcan Apollinaris Patera
L’exploration d’un volcan sur Terre est quelque chose de fantastique, de souvent très impressionnant, et parfois même d’émouvant... Le stéréotype parfait est un cône volcanique régulier dont les pentes à gravir représentent le prix à payer avant d’atteindre, au sommet, la caldeira, le cratère, la gueule de l’édifice et bien sur, de jouir du panorama alentour…
Il y a sur Mars une multitude de volcans dont certains sont de la famille des volcans d’Hawaï, dits « boucliers ». Leurs bases sont assez larges et leurs pentes assez douces.
Voici présenté cette semaine un splendide volcan bouclier, le célèbre Apollinaris Patera, situé à quelques encablures au Nord Nord-Ouest du cratère d’impact Gusev, toujours en cours d’exploration par le rover Spirit.
La caméra HRSC de la sonde MEX a obtenu des images de ce volcan durant l’orbite 987, le 26 octobre 2004, à la résolution de 11,1 m par pixel. La partie imagée est la moitié Est de la caldeira, centrée vers 7,2° S par 174,6°E.
Apollinaris Patera est un vieux volcan de 5 km de haut qui s’étend sur 180 km par 280 km à sa base. Situé à la bordure Nord des hauts plateaux cratérisés, au Sud Sud-Est d’Elysium Planitia, l’édifice volcanique délimite la marge Sud-Ouest de Lucus Planum. Son immense caldeira, partie sommitale du cône, fait près de 80 km de diamètre et plus d’1 km de profondeur.
La caldeira d’un volcan est une structure qui se forme au sommet de l’édifice soit lors d’explosions, soit à la suite d’effondrements de tout ou partie du cône et de sa cheminée.
L’image en « vraies » couleurs de la caldeira d’Apollinaris Patera dévoile que lors de la prise de vue, la zone était partiellement couverte d’un léger voile nuageux, diffus, blanchâtre. L’image en fausses couleurs fait apparaître des nuages bleuâtres.
La partie Est de la caldeira, sur l’image en « vraies » couleurs, est caractérisée par un matériel de surface plus clair que dans la partie centrale (attention, le Nord est à droite). Ce matériel semble être fait de couches géologiques stratifiées et donc pourrait résulter de dépôts sédimentaires dont l’origine est très certainement volcanique étant donné leur localisation.
D’autres couches géologiques, différentes des précédentes sont également visibles dans la caldeira et présentent un aspect en terrasses, dans la partie la plus à l’Est des couches claires et dans une zone relativement plate au Nord-Ouest de la caldeira.
Quoi qu’il en soit, le fond de cette caldeira est tout à fait étonnant. Notez le nombre impressionnant de cratères d’impact, dont les plus grands font jusqu’à 15 km de diamètre. Notez également la constellation de petits impacts visibles dans la caldeira. Outre leur présence, qui est donc postérieure à la dernière coulée volcanique, notez le fait que nombre de ces impacts ont des éjectas fluidisés(surtout les petits cratères). Ceux-ci trahissent la présence d’éléments volatils en sub-surface dans cette caldeira, éléments présents lors des phases d’impactisme. On retrouve en outre des traces importantes et très localisées (notamment dans certains cratères d’impact) d’écoulements de fluides, peut-être des laves, mais aussi peut-être de l’eau en phase liquide. Enfin, certaines pentes (notamment dans certains cratères) possèdent des ravines sub-actives sur leurs versants Nord Nord-Est. Ces ravines semblent fraîches, profondes et peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres de long. On notera enfin la présence d’éboulements sub-récents. En effet, de gros blocs ayant dévalé les pentes sur plusieurs centaines de mètres, ont laissé derrière eux des traînées très sombres, non encore recouvertes par les poussières actuelles…
Bref, la grande caldeira d’un volcan aussi important est un petit monde, où très probablement de nombreux autres processus se sont produits il y a plus ou moins longtemps…
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : ESA/DLR/FU Berlin (G. Neukum).
Ecrit par dawido le Mardi 25 Juillet 2006, 23:57 dans "Actualités"
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