Le blog de l'ACDS

Association pour la Création et la Diffusion Scientifique

Contenu - Menu - S'identifier - S'inscrire - Contact

bienvenue

- Qu'est-ce que l'
-

Activités

-
-
- (exposition)
- des membres

Biographies

-
-
-


Recherche


Archive : tous les articles

André Cailleux (1907-1986)

par A. Journaux

André de CAYEUX de SENARPONT (dit dans les publications scientifiques pour ne pas être confondu avec un de ses maîtres de la Sorbonne, Lucien CAYEUX) était un collègue célèbre parmi les spécialistes des Sciences de la Terre, pour avoir mené de front une famille de 12 enfants, tout en parcourant de nombreux pays et en publiant plusieurs centaines d’ouvrages et d’articles.


Licencié ès-Sciences Physiques, ès-Sciences Naturelles et ès-Lettres (Géographie), Agrégé, puis Docteur ès-Sciences Naturelles (Géologie) en 1942, il exerça successivement dans les lycées de Varsovie, de Brest et de Saint-Maur, puis à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, et à la Sorbonne à partir de 1958, enfin à l’Université Laval, à Québec. 

Ses missions de recherche l’amenèrent à travailler dans les Pays Baltiques, au Groënland, en Alaska, en Sibérie, dans l’Antarctique, mais aussi dans les régions tempérées, tropicales et équatoriales (Sahara, Brésil et Guyane).

Ses publications scientifiques embrassent toutes les Sciences de la Terre, empreintes d’une certaine unité, qui est due à l’introduction des dénombrements et des mesures. C’est à ce titre qu’il a initié avec dévouement de nombreux géomorphologues et sédimentologues, jeunes chercheurs des années 1945-1950 comme nous-mêmes, au cours d’excursions et de missions bénévoles.

André Cailleux s’est toujours intéressé aux petites formes de terrain, telles que les réseaux de fentes, les sols polygonaux, les coulées boueuses ou de blocailles, les épandages dus au ruissellement, ainsi qu’aux formes et aux dépôts éoliens, glaciaires et volcaniques. C’est lui qui a introduit en France l’étude des galets (dès 1934) et des grains de sable (1936), définissant les indices d’aplatissement, de dissymétrie et d’émoussé. Il fut le premier également à décrire les sols polygonaux (en 1942 avec V. Romanovsky) et la cryopédologie en général.

Il a vu naître le Centre de Géomorphologie du C.N.R.S. en 1964, nous a conseillé dans l’établissement des protocoles et a assisté avec le Professeur Dylik, de Lodz, Aux expérimentations de cryoclastie et de thermoclastie des roches et aux recherches sur les sols gelés. C’est en qualité d’ami que, fondateur et directeur du Centre de Géomorphologie, je tiens à lui rendre hommage aujourd’hui et rappeler son rôle dans le développement de notre spécialité.Mais André Cailleux ne se contentait pas d’être un initiateur dans ces domaines. Il publiait également d’innombrables notes dans des revues très variées sur la minéralogie, la sédimentation, la paléogéographie, la paléontologie et la préhistoire, la biogéographie et la pédologie. Aucun domaine ne lui était étranger. Et comme si la Terre ne lui suffisait pas, après quelques études sur la Lune, il se lançait ces années dernières dans celle des planètes (Mars et Uranus), et enfin celle des étoiles et du Système Solaire.

C’est dans plus de 70 revues françaises et étrangères qu’il publia les résultats de ces recherches, mais mention particulière doit être faite de certains manuels, dictionnaires et revues bien connus et utilisés des géographes.

Outre sa thèse " Les actions éoliennes périglaciaires en Europe " (Paris, 1942), il publia de nombreux manuels, dont un Cours de Géomorphologie avec Jean Tricart (de 1952 à 1962) et un volume de Cryopédologie (1954), le " Dictionnaire des Sols ", en collaboration avec G. Plaisance (1958). Il fonda surtout la " Revue de Géomorphologie Dynamique " avec Jean Tricart (à partir de 1950). Il faudrait mentionner également les très nombreux ouvrages de vulgarisation, tels que les " Que-Sais-je ? ", dans lesquels il excellait, grâce à une présentation simple, mais riche.

Esprit curieux, sans cesse en alerte, toujours souriant, entretenant une correspondance prodigieuse avec des centaines de scientifiques du monde entier, il se constitua, grâce aux échanges, une bibliothèque de tirés à part et d’ouvrages, fort bien classés, qui envahissaient sa grande maison.

Brusquement disparu, il laissera pour de nombreuses générations le souvenir d’un maître éminent, d’un collègue attentif et, dans la plupart des cas, d’un ami sur lequel on pouvait compter. 

A. Journaux

Extrait de l’hommage de A. Journaux à André Cailleux publié dans le Bulletin n°34 du Centre de Géomorphologie de Caen - CNRS -, janvier 1988.

Ecrit par cornu le Vendredi 25 Août 2006, 09:45 dans "André Cailleux" Version imprimable

Article précédent - Répondre à cet article - Article suivant