Le blog de l'ACDS

L’Union Soviétique n’est plus depuis le 31 décembre 1991. Ni sur Terre, ni dans l’espace. Or depuis, la Russie ne s’est plus du tout distinguée dans l’exploration de notre Système Solaire. A part l’espace proche (militaire, commercial et scientifique) dans lequel elle continue d’être un leader (ISS, satellites d’observation et de communication, …) , plus rien n’a été fait de fondamental.
Toutefois, ce ne sont pas les projets qui manquent. Ceux d’avant la chute du Mur de Berlin, comme des projets plus récents. Non, ce qui manque : c’est l’argent !

Et de l’argent, il va en falloir très peu pour réaliser la fameuse mission Phobos-Grunt, éternel sujet de l’exploration Russe de la planète rouge.

Phobos, est en effet depuis des décennies, une des cibles favorites des projets martiens de nos voisins. On se souvient des missions Phobos-1 et Phobos-2, à la fin des années 80…

Pour Phobos-Grunt (projet piloté par le célèbre Institut de Recherches Cosmiques de l’Académie des Sciences, l’IKI), les russes prévoient le calendrier suivant, étalé sur moins de 3 ans :

- départ de la Terre : octobre 2009
- arrivée autour de Mars : août 2010
- atterrissage sur Phobos : mai 2011
- décollage de Phobos : juillet 2011
- retour sur Terre : juin 2012

Pour cette première mission, les russes envisagent un programme chargé et très ambitieux (rappelons qu’ils n’ont jamais réalisé avec succès de mission complète sur Mars). Ils espèrent donc pour aboutir, des coopérations internationales dans les domaines techniques et scientifiques mais aussi dans le domaine financier. A ce titre, la mission est estimée à près de 65 M€ seulement !

La sonde a été conçue par les Bureaux d’études Lavotchkine qui travaillent actuellement sur les différents éléments et instruments de bord. L’engin devrait notamment embarquer un chromatographe en phase gazeuse pour les analyses in-situ du régolite de Phobos ainsi qu’un instrument d’étude des ondes plasma. Il se pourrait que la France soit sollicitée pour la fourniture de ces deux instruments (la coopération spatiale franco-russe ne date pas d’hier mais de … 40 ans et fut très fructueuse !).
Le clou de Phobos-Grunt sera sans conteste, et vraisemblablement en avant-première mondiale, le retour sur Terre d’échantillons de la surface de Phobos, à des fins d’analyses minutieuses en laboratoires.

Bien que ce projet soit magnifique, on peut toutefois douter qu’il se réalise un jour, tant les difficultés à surmonter se montrent déjà gigantesques. Et les Russes de proposer déjà un glissement de la fenêtre de lancement à … 2011, moyennant une baisse sensible de la charge utile du fait d’un fenêtre de tir moins favorable. Gageons toutefois que la Russie revienne dans la course pacifique à l’exploration de Mars. Pour le bonheur de tous les peuples, et pour la Science…

© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : DR.